Phobie des araignées (arachnophobie), phobie des chats (ailurophobie), phobie de prendre l’avion (aviophobie), phobie de conduire (amaxophobie), phobie de l’eau (aquaphobie), phobie des hauteurs (acrophobie), phobie de vomir (émétophobie) … en matière de phobies, la liste est longue!
Vous constaterez également à quel point elles peuvent être différentes les unes des autres, tout en ayant l’appellation commune de phobie.
Ai-je peur ou suis-je phobique ?
A entendre les gens, chacun d’entre nous souffrirait au moins d’une phobie. Il y a cependant un abus de langage, largement renforcé par les médias, qui repose sur une confusion entre la notion de “peur” et celle de “phobie”.
“Alors, j’ai peur ou je suis phobique?”
La peur
Il s’agit d’une réaction universelle existant chez tous les êtres vivants, en réaction à une menace ou un danger. La peur sert à se protéger et à augmenter ses chances de survie en permettant l’adoption soit d’un comportement de fuite, de combat, ou d’immobilisation. Sans peur, il y aurait une réelle mise en danger.
La phobie
Entre peur et phobie, la différence majeure se situe dans l’intensité des émotions ressenties et des réactions.
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Pour plus de détails ci-dessous, les symptômes caractérisant la phobie :
- une peur très intense pouvant aller jusqu’à l’attaque de panique lorsque l’individu se confronte à l’objet ou à la situation phobique.
- le caractère incontrôlable de cette peur.
- les évitements de l’objet ou de la situation phobiques lorsque cela est possible.
- lors d’une confrontation inévitable, la souffrance est extrême.
- elle peut représenter un véritable frein au bon déroulement du quotidien de la personne qui en souffre.
Exemple : La peur de l’araignée, savamment appelée l’arachnophobie :
Peur : “Lorsque j’aperçois une araignée, quelque soit la taille, je ressens de la peur. Je demande alors à mon mari de l’écraser immédiatement”.
Phobie : “Lorsque j’entends le mot, je frissonne et je commence à regarder partout autour de moi. Si j’ai le malheur d’en croiser une je quitte instantanément les lieux et ressens tout un éventail de sensations désagréables : palpitations, tremblements, transpiration, oppression. Quoiqu’on me dise, je ne retourne pas sur les lieux.
Phobies au pluriel
- Il existe plusieurs formes cliniques de phobie selon l’objet ou la situation craints :
- phobie des animaux (souris, insectes, chats, oiseaux, …)
- phobie d’éléments naturels (vent, orages, …)
- phobie en lien avec le sang/injections/accidents (piqûres, blessures, …)
- phobie liée à une situation (étouffement, rougissement, la marche, …)
Une même personne peut bien sûr être concernée par plusieurs type de phobie.
Comment devient-on phobique ?
Des progrès considérables ont été réalisés au sujet de la compréhension que l’on pouvait avoir de ces troubles, permettant ainsi d’assurer une prise en charge plus juste.
Les phobies seraient le fruit d’une double influence avec d’une part des prédispositions biologiques, essentiellement innées (héritage familial et collectif), et d’autre part des influences environnementales et donc acquises.
Une façon connue d’acquérir une peur, est celle de la transmission par les parents. Les enfants sont très observateurs des comportements et des réactions de leurs parents.
Exemple : Tom, 5 ans, peut par exemple “apprendre” à avoir peur des chiens en voyant sa mère les éviter ou crier lorsque l’un d’entre eux s’approche d’elle.
La mère a elle-même appris à avoir peur des chiens après s’être fait mordre plus jeune.
Rassurons-nous, le petit Tom n’est pas condamné à être phobique des chiens toute sa vie. En effet, l’être humain est en perpétuel apprentissage. Si Tom a appris à avoir peur des chiens, il peut aussi apprendre à ne plus en avoir peur en faisant progressivement de nouveaux apprentissages liés à cet animal.
Phobies, comment s’en débarrasser ?
La thérapie comportementale et cognitive se prête tout particulièrement à la prise en charge des phobies, comme l’indique les dernière recommandations de l’HAS (2007) sur les troubles anxieux.
Tout comme le principe du virus que l’on injecte au patient pour l’en immuniser, la TCC propose à la personne phobique une technique qui a largement fait ses preuves, à savoir la technique d’exposition (fameux principe du “vaincre le mal par le mal”).
- Deux faits ont été scientifiquement démontrés :
- Lorsque l’on se confronte à notre peur, son intensité finit par redescendre en fonction de la durée de la confrontation.
- Plus on répète les expositions, plus le seuil maximal de la peur est bas.
L’objectif fixé avec le patient en début de suivi déterminera la fin ou la poursuite du suivi selon les résultats obtenus. Un patient peut souhaiter une “extinction” totale de sa peur, alors qu’un autre peut souhaiter se contenter d’une extinction partielle afin de rendre son quotidien moins invalidant.
Voici les principes fondamentaux à suivre afin d’assurer l’efficacité de la technique, mais aussi le respect du rythme de chaque patient, progressivement :
- Progressive : avant de débuter l’exercice, thérapeute et patient réalisent ensemble une hiérarchie dans laquelle sont classées les situations craintes, de la moins effrayante à la plus effrayante. Bien entendu, les exercices d’exposition débuteront par les situations les moins anxiogènes.
- Durée : l’exposition doit être prolongée. Elle doit au moins durer assez longtemps pour que l’anxiété retombe. Dans le cas contraire, cela ne fait que renforcer la fuite.
- Répétée : une seule exposition ne suffit pas pour obtenir des résultats satisfaisants.
- Complète : le patient doit être concentré sur ce qu’il fait et ne pas penser à autre chose. Dans le cas contraire il s’agirait d’un évitement.